
Martin Laporte et Philippine Gossieaux récipiendaires d’une bourse de la Fondation de la Faune du Québec dans le cadre du congrès du CIRSA
C’est dans le cadre de la 21ème édition du colloque annuel du Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique (CIRSA) que Martin Laporte et Philippine Gossieaux se sont vu remettre une bourse de la Fondation de la Faune du Québec pour leur présentation. Vous trouverez ci-dessous le résumé des deux présentations.
Toutes nos félicitations aux récipiendaires !
Impacts des ensemencements sur les tailles effectives de populations d’Ombles de fontaine
Gossieaux, Philippine1; Bernatchez, Louis2; Sirois, Pascal3; Garant, Dany1
1. Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université de Sherbrooke
2. Département de Biologie & Institut de Biologie intégrative et des Systèmes, Université Laval
3. Chaire de recherche sur les espèces aquatiques exploitées, Laboratoire des sciences aquatiques, Département des sciences fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi
4. Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique (CIRSA)
La taille effective (Ne) est une mesure de la taille génétique des populations et un paramètre crucial dans le domaine de la gestion de la faune étant donné qu’elle est fortement liée à la rétention de la diversité génétique dans le temps et/ou aux niveaux de consanguinité. De nombreuses populations de poissons exploitées sont ensemencées dans le but d’augmenter leur taille afin qu’elles puissent supporter un effort de pêche important. Cependant, la supplémentation de populations naturelles avec des individus d’élevage peut dans le même temps augmenter la taille census d’une population et en diminuer la taille effective (effet Ryman-Laikre). Notre étude vise à mieux caractériser les impacts des ensemencements sur les populations d’ombles de fontaine (Salvelinus fontinalis) au Québec et à déterminer comment la relation entre Ne et ensemencements varie avec l’intensité de ces derniers (e.g. nombre d’évènements d’ensemencement, nombre de poissons ensemencés par hectare). En utilisant 54 populations, nous avons mis en évidence que les lacs ensemencés ont des Ne significativement plus faibles que les lacs non ensemencés, mais nous n’avons pas trouvé d’effet supplémentaire de l’intensité des ensemencements sur les Ne des lacs ensemencés. Nos résultats suggèrent que les ensemencements en tant que tels ont un effet négatif sur la Ne mais que des ensemencements intenses ne résultent pas nécessairement en des Ne plus faibles. De plus, nous n’avons pas détecté d’effet du nombre d’années depuis le dernier ensemencement sur la Ne ce qui suggère que l’arrêt des ensemencements n’a que peu d’effet sur les Ne des lacs supplémentés.
Modifications épigénétiques induites par l’élevage en pisciculture chez un saumon du Pacifique
Jérémy Le Luyer1,2, Martin Laporte1, Terry D. Beacham3, Karia H. Kaukinen3, Ruth E. Whithler3, Jong S. Leong4,5, Eric B. Rondeau4,5, Ben F. Koop4,5, Louis Bernatchez1,6
1. Département de biologie et Institut de Biologie intégrative et des Systèmes, Université Laval
2. Centre Ifremer du Pacifique, UMR-241 Ecosystèmes Insulaires Océaniens, Institut Français pour l’Exploitation de la Mer, Tahiti, Polynésie Française
3. Pêches et Océans Canada, Pacific Biological Station, Nanaimo, BC
4. Centre for Biomedical Research, University of Victoria, Victoria, BC 5. Department of Biology, University of Victoria, Victoria, BC 6. Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique (CIRSA)
Les stocks de saumons du Pacifique ont subi un important déclin en abondance au cours du dernier centenaire. Afin d’augmenter leur abondance et de soutenir les pêcheries, des milliards de salmonidés d’écloserie sont relâchés chaque année. Cependant, les bénéfices relatifs à cette pratique sont débattus puisqu’une diminution de la valeur sélective des poissons nés en écloserie a été récemment observée. Une sélection à la domestication a été évoquée comme explication, mais d’autres mécanismes moléculaires ont aussi le potentiel d’expliquer cette perte de valeur sélective.
Nous avons donc testé l’hypothèse alternative d’une reprogrammation épigénétique induite par les conditions d’élevage en captivité. Nous avons comparé les patrons génomique et épigénomique (méthylation de l’ADN) entre deux paires de saumon coho (Oncorhynchus kisutch; sauvages versus nés en écloserie) provenant de rivières géographiquement distantes. Une proportion significative des variations épigénétiques (8%) ont été expliquées par la rivière d’origine et par l’environnement d’élevage. En comparaison, l’environnement d’élevage n’explique aucune variation génétique. Les régions différentiellement méthylées entre individus sauvages et nés en écloserie montrent un enrichissement en fonctions biologiques qui ont le potentiel d’influencer la capacité de migrer en eau salée. Cette étude supporte l’idée qu’une modification de marques épigénétiques induite par l’élevage en captivité est un mécanisme qui explique la réduction de la valeur adaptative chez les saumons coho nés en écloserie.
Partager cet article